Contexte
En Belgique, la pratique des congés reste marginale avant 1936 et ne se diffuse que dans le secteur des services. L’utilité du temps libre pour les masses ouvrières, considérées comme immatures, est d’ailleurs régulièrement remise en cause par les classes dominantes. Au niveau économique, le milieu des années 30 signe le retour de la prospérité. Néanmoins, la Grande Dépression qui fait suite au Krach de 1929 a laissé des traces. La montée de l’extrême droite, le chômage et les mouvements sociaux créent une forte tension politique et sociale. En mai 1936, les élections nationales débouchent sur une victoire des partis nationalistes et d’extrême droite : Rex, au sud du Royaume et le Verdinaso, au nord. La démocratie vacille.
Évènements
Le 2 juin 1936, c’est dans cette atmosphère tendue que les dockers du port d’Anvers se mettent en grève. Celles-ci ont une forte connotation antifasciste. Inspirée par les grèves du Front populaire qui se déroulent en France et qui aboutissent à de grandes avancées sociales, le mouvement se prolonge en Wallonie. Bientôt, plus de 600.000 ouvriers et ouvrières arrêtent de travailler à travers tout le pays. La grève est générale. Les syndicats mettent en avant quatre revendications majeures : la fixation d’un salaire minimum, la semaine des 40 heures, une garantie légale de la liberté syndicale et des congés payés. C’est la première fois dans l’histoire du syndicalisme belge que les deux grands syndicats signent un texte commun. Le mouvement débouche sur la création d’une instance de concertation sociale entre représentants syndicaux, patronaux et gouvernementaux : la Conférence Nationale du travail (CNT). Au vu de l’important rapport de force enclenché, toutes les revendications syndicales seront satisfaites.
Impact
La grève de 1936 reste inscrite dans les souvenirs comme celle d’une grande victoire ouvrière. Les organisations syndicales en sortent renforcées. Le mouvement ouvrier a en effet arraché une augmentation salariale de 7 %, la semaine des 40 heures, des congés payés de minimum 6 jours par an, une assurance-maladie et une augmentation des allocations familiales. À l’été 1936, des centaines de milliers de travailleur.euse.s connaîtront les joies des premières vacances. Ces acquis gagnés par la lutte en 1936, constituent la base de notre sécurité sociale actuelle.
Sources
Centre d’Animation et de Recherche en Histoire Ouvrière et Populaire. (2020). L’HISTOIRE SOCIALE DE LA BELGIQUE.
Solidaire. (2015). La grève de 1936 : comment les travailleurs belges ont fondé la sécurité sociale
Solidaire. (2016). 1936 : les travailleurs à la conquête du temps.
Tilly, P. (2016). Les congés payés, une véritable révolution. ANALYSE DE L’IHOES N° 166