» Parce qu’il faudra vivre dans l’effondrement.
Tirer notre force de l’absence de perspective et de la mort de l’espoir.
Fêter son enterrement jusqu’au nôtre. «
Ainsi se termine le premier poème du nouveau recueil d’Achille. Iel vient de sortir “Effondrement”, un projet qui se divise en deux parties : un album de rap et un recueil de poésie, dont les textes aux accents philosophico-poétiques mêlent la révolte à l’introspection, le “nous” au “je”, l’absence d’espoir à la vie.
Mon amour pour le rap et le texte s’est créé autour d’albums de Keny Arkana, Kery James, Scylla et Abd al Malik. J’ai donc directement eu un attrait pour la musique qui appelle à la révolte. Pourtant c’est important pour moi de ne pas tomber dans une critique d’un rap que certain·es ne jugent pas “conscient”. A mon sens, faire n’importe quel style d’art, pour soi ou pour les autres, c’est déjà une forme de révolte. C’est se permettre d’exprimer quelque chose, en prenant plaisir à le faire, dans un monde où on nous interdit presque formellement de prendre soin de nous, et où on coupe empêche certain·es de parler. Bref, si le rap est un bon médium pour faire passer des idées révolutionnaires, il a aussi un aspect cathartique et amusant.
Je pense ne pas avoir spécifiquement cherché à faire une œuvre engagée, c’est plutôt que mon rapport à l’écriture est ancré dans ma réalité : j’écris généralement sur ce que je vis, ce que je vois, et ce que je pense. La première phrase du recueil résume bien mon état d’esprit actuel : “Semer le trouble, jusqu’à ce que vie s’en suive”; j’ai donc écrit un projet dans cette verve. Pour autant, et ça s’entend dans le titre, “Effondrement” a une vocation politique évidente, comme mon précédent projet (“La vie est ailleurs”). Certains textes, notamment l’outro de l’album, sont des invitations à prendre part au processus de transformation de la société qui est déjà en cours. Parce que, en définitive, il n’y a que deux côtés à une barricade.
Si j’ai décidé de sortir un recueil et un album dans le même projet, c’est parce que j’aborde les mêmes thèmes dans les deux. Les sons et les poèmes se parlent et se répondent, probablement parce que j’ai écrit les morceaux avant de me lancer véritablement dans la rédaction du livre. Ça m’a permis de penser le recueil comme un approfondissement de l’album : chaque sujet y est développé plus en profondeur, et certains poèmes permettent de faire des ponts entre les différents thèmes… En gros, j’ai utilisé la poésie pour boucler la boucle. J’ai ensuite eu l’idée de mettre un des poèmes en musique, et c’est devenu l’outro de l’album.
Au-delà d’être un bon moyen pour répandre des idées, je pense que l’art peut avoir son utilité en ce qu’il est fédérateur. Les concerts, par essence, ça permet de réunir des gens, et d’amener un petit peu de joie et d’énergie dans la révolte. On l’a vu récemment au Chili, où des muisicien·nes viennent parfois jouer pour encourager la première ligne lors des manifestations. Dans un autre style, Nekfeu avait donné un concert gratuit place de la République à Paris, le 1er mai 2016, en plein mouvement contre la loi travail. Ça avait fédéré beaucoup de monde, et ça lui avait permis d’appeler à rejoindre le mouvement, en scandant notamment “Paris, debout”, avec la foule.
On me demande parfois comment et pourquoi j’ai commencé à écrire. Je crois que j’ai pas de réponse exacte à cette question parce que c’est une habitude que j’ai pris jeune. Je suis passé·e par toutes sortes de trucs abracadabrants, je fais de la poésie et du rap, mais j’ai aussi essayé d’écrire des débuts de roman, et même une ébauche d’essai. Bref, j’ai cette tendance à partir un peu dans tous les sens, mais pour en revenir à l’écriture et son aspect cathartique, je pense que ça peut toujours servir de mettre des mots sur ce qu’on pense et ce qu’on ressent. C’est dans cette démarche-là que j’ai commencé à écrire, et ça me poursuit encore beaucoup aujourd’hui, même si je tends à élargir ma palette de sujets et mes manières de les aborder.
EFFONDREMENT, le premier album d’Achille est dispo sur toutes les plateformes.
EFFONDREMENT (recueil) VERSION PHYSIQUE
Dispo en librairie à 7,5€
– @librairie_meteores
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– Les yeux gourmands
– Par Chemin