Hier, la police m’a empêchée de manifester lors de la manifestation contre les violences de genre.
Moi, personne sexisée ayant vécu des viols, des violences conjugales, des violences et injonctions sexistes au quotidien.
Moi, personne sexisée ayant vu, écouté et soutenu mes proches subir, sortir, essayer de se sortir de viols, violences conjugales, violences et injonctions sexistes au quotidien.
Hier, la police m’a arrêtée parce que je la filmais.
Hier, la police a empêché un groupe de colleur·euses de coller les noms de 24 fxmmes décédé·es dans un féminicide en 2023 en Belgique.
Hier, la police a gazé des manifestant·es en solidarité avec les fxmmes palestiniennes et pour la libération de la Palestine.
Hier, la police a systématiquement visé des personnes soupçonné·es de posséder des affiches, des pinceaux, de la colle.
Qu’essayez-vous de nous dire ? Que nous devons nous tenir sages ? Qu’un collage c’est déjà trop ? Que les fxmmes palestiniennes ne sont pas des fxmmes comme les autres ? Que nous ne sommes autorisé·es à prendre la rue qu’entre 14h et 17h, un jour par an, calmement, en respectant le cadre que vous, producteurs de violence, avez décidé pour nous ?
Nous ne sommes même pas autorisé·es à afficher les noms des victimes de féminicides reconnus dans l’espace public. Un pauvre petit collage qui aurait disparu 2 jours plus tard avec la pluie.
Alors qu’il faudrait des monuments.
Alors qu’il faudrait les afficher partout.
Alors qu’il faudrait qu’on sature la rue de ces noms en attendant que nous n’ayons plus jamais à les compter.
Le jour même de la manifestation contre les violences de genre, nous sommes relégué·es au silence, nous sommes nassé·es, nous sommes privé·es de notre liberté de mouvements par des colsons attachant nos mains derrière le dos, nous sommes fouillé·es, nous sommes enfermé·es pour « trouble à l’ordre public », nous sommes gazé·es.
Moi, personne sexisée blanche issue de la classe moyenne supérieure, du fond d’un commissariat où l’une d’entre nous est décédée dans des circonstances inquiétantes il y a quelques mois seulement,
je pleure tous·tes cell·eux qui subissent la répression et violence policière patriarcale
tous les jours
et luttent contre,
tous les jours,
Aux fxmmes sans-papiers qui ont quitté leur famille pour être utilisé·es comme de la main d’oeuvre pas chère, à s’occuper des enfants et maisons des eurocrates.
À ces fxmmes parfois victimes de viols et/ou violences sexuelles par leurs patrons mais sans aucune possibilité de plainte parce que considéré·es comme illégal·es.
Aux fxmmes enfermé·es, en prison ou en centre fermé.
À cell·eux qui attendent que l’un·e des leurs soient libéré·e.
Aux fxmmes survivant dans la rue, se camouflant en homme pour y survivre mieux, choisissant un agresseur pour se protéger des autres.
Aux fxmmes survivant chez ielles, parce qu’ielles n’ont ni les ressources ni les moyens pour partir.
Aux fxmmes trans isolé·es, discriminé·es, violenté·es, tué·es, parce que considéré·es comme encore pire que des fxmmes.
Aux fxmmes migrant·es en transit, qui subissent d’innombrables violences sur leur chemin.
À tous·tes cell·eux qui subissent le patriarcat et se battent contre au quotidien,
À tous·tes cell·eux qui étaient là hier pour prendre la rue et revendiquer leur combat,
À tous·tes cell·eux qui ne pouvaient pas être là, parce que tué·es, parce qu’exploité·es, parce qu’emprisonné·es,
J’aurais aimé être avec vous,
J’aurais aimé être là pour vous,
J’aurais aimé pouvoir filmer, relayer, montrer que vous êtes là et qu’on ne vous oublie pas.
Mais la police m’en a empêché, comme elle empêche tous les jours nos luttes d’avancer, alors qu’elle n’empêche ni les viols, ni les violences sexistes, ni les féminicides, et qu’elle n’empêchera jamais ça,
parce que son rôle c’est de nous soumettre à sa loi.
A bas l’état policier.
Que vive la lutte, tant qu’il le faudra.