Contexte
L’indexation automatique des salaires est un des piliers de la protection sociale des travailleur·euses belges. Ce dispositif est toutefois relativement unique en Europe, n’étant (plus) pratiqué que par Malte, le Luxembourg et la Belgique.
L’indexation automatique est le mécanisme qui permet d’adapter les salaires (mais aussi les allocations sociales et les pensions) à l’augmentation des prix, de manière à ce qu’il n’y ait pas de perte de pouvoir d’achat. Cet ajustement se base sur l’indice des prix à la consommation qui est un instrument permettant de mesurer l’évolution des prix des produits et services consommés par les ménages en Belgique (excluant certains produits jugés nocifs pour la santé ou l’environnement : alcool, tabac et carburants).
Contrairement à ce que l’on croit, l’indexation automatique des salaires ne concerne pas tous les secteurs. 1% des travailleur·euses belges n’y ont pas droit (gestion des aéroports, employés des professions libérales, etc). De plus, aucune loi ne garantit ce dispositif pour tous les travailleur·euses (excepté fait de la fonction publique et des allocations sociales). Dans le privé, l’indexation automatique des salaires a en effet été conquise secteur professionnel par secteur professionnel, et ses modalités dépendent des différentes commissions paritaires (exemple: les travailleurs du béton sont indexés automatiquement tous les 3 mois, tandis que les carrossiers ne le sont qu’une fois l’an).
Historique
Dans les années qui suivent la première guerre mondiale, les prix subissent une hausse vertigineuse alors que les salaires ne suivent pas cette évolution. Les travailleurs s’appauvrissent et les conflits sociaux sont nombreux. En vue de mesurer l’évolution des prix, un premier indice des prix est mis en place en 1920. La même année, quelques conventions collectives de travail (CCT) dans le secteur du bois, des mines et du livre mettent en place l’adaptation automatique des salaires à l’indice de l’époque. Ce mécanisme fait ses preuves et en 1924, 73% des CCT l’ont adopté. C’est en 1935 qu’un arrêté royal décrète l’indexation des salaires dans les services publics. Malgré le blocage des salaires décidé par l’occupant allemand en 1940, l’indexation est rétablie en 1947, deux ans après la fin du conflit mondial.
Ce dispositif est néanmoins vulnérable, régulièrement attaqué par la droite et le patronat. Plusieurs “sauts d’index” sont par exemple imposés par le gouvernement Martens-Gol dans les années 80. En 2015, sur fond de politiques d’austérité, le gouvernement Michel décrète un nouveau saut d’index.
Conclusion
À l’heure où l’inflation n’a jamais été aussi forte depuis les années 1970, l’indexation des salaires reste un conquis social significatif pour la protection des travailleur.euses. Cette relative particularité belge, quoique fragile face aux velléités capitalistes, s’appuie néanmoins sur de solides bases au vu de la détermination du monde social à la défendre depuis plus de 100 ans.
Sources
CSC – FGTB – CGLSB. (2019). Les 100 ans de l’index en 10 points clés.
FGTB. (2014). Tout savoir sur l’index.
Valenzano, S. (2021). L’indice des prix à la consommation et l’indexation automatique des salaires : regard historique et sociologique.. Faculté des sciences économiques, sociales, politiques et de communication, Université catholique de Louvain.